Officier, modèle de courage et d'esprit de sacrifice. Fred Scamaroni rejoint les Forces Françaises Combattantes en juin 1940. Fait prisonnier à Dakar. Dès qu'il est libéré, il devient l'un des militants de la résistance clandestine.
Poursuivi par la Gestapo, il parvient à rejoindre l'Angleterre en janvier 1942 puis il se porte à nouveau volontaire pour une mission tout particulièrement dangereuse en Corse.
« C'est lui le chef...» dit Hellier qui venait d'être torturé. Vers une heure du matin, les carabiniers arrivent avec le radio Hellier chez Vignocchi pour arrêter Fred Scamaroni.
Les gendarmes italiens enferment dans des cellules différentes, à la citadelle d'Ajaccio, Vignocchi et «Severi» (Fred Scamaroni), avec dix-huit membres du réseau «R2 Corse».
« Fred Scamaroni dit s'appeler Edmond Severi, être officier français de la Coloniale, né à Alger en 1908.»
Il dit à l'italien qui lui promet de lui laisser la vie s'il donne des détails sur la Résistance « Vous ne savez pas ce que c'est que l'honneur ».
Seul dans sa cellule, il écrit sur le mur: «Je n'ai pas parlé. Vive de Gaulle ! Vive la France ! Ajaccio, le 19 mars 1943.»
Fred Scamaroni dit à travers le mur a un autre détenu du réseau de la cellule voisine:
« Tu diras à ma mère, à mes soeurs, que ce n'est pas très dur de mourir et que je meurs content.»
Pour ne pas parler, Scamaroni décidé de se tuer après avoir résisté aux pires souffrances. Il ne livre rien et se sacrifie.
Un rapport du contre-espionnage italien témoigne :
« Ils lui ont arraché les ongles, ils lui ont mis des morceaux de fer rouge. Il s'est tué avec un fil de fer. Il a fait passer celui-ci à travers la gorge. Trois heures après, il était mort... »
« Si Pascal avait été Méditerranéen, il n'aurait pas dissocié l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse. »
Paul Vincensini, Symposium International d'Archimède à Syracuse 1964
Né à Bastia le 30 avril 1896, ses études, débutées à l'école communale de l'Opéra, le mènent à l'université de Toulouse où il suit les cours de l'illustre mathématicien Causserat.
En 1921, Paul Vincensini est reçu au diplôme d'études supérieures de mathématiques (ce qui correspond à un doctorat de troisième cycle), puis à l'agrégation. Renonçant à la Capitale, il rentre en Corse pour enseigner au "Vieux lycée de Bastia". Son ancien élève, Jean-Marie Graziani, agrégé de philosophie et correspondant du centre d'information de Nations Unies de Paris dira de lui :
Les cours du professeur Vincensini, quiconque n'a pas eu le privilège d'y assister, n'en saura jamais, malgré le plus puissant effort d'imagination, la lumineuse et contraignante rigueur. Il y avait dans la pensée du maître je ne sais quoi d'impétueux, de despotique, qui s'emparait des esprits même les plus enclins à errer, et les jetait, puis les maintenait dans la voie étroite de la nécessité mathématique.
En 1925, sa première communication aux comptes-rendus de l'Académie des Sciences de Paris, puis en 1927, une sensationnelle thèse de doctorat lui confère une stature internationale. Dès lors, chaque année, ses travaux font l'objet de plusieurs communications présentées par d'illustres savants (Hadamard, Cartan, Monteil...).
En 1935, sa communication sur les corps convexes admettant un domaine vectoriel donné retient l'attention des savants du monde entier. Cette note lui vaudra, en 1936, d'être accueilli à l'Académie des Sciences de Moscou. ou un éclatant hommage lui est rendu. Nommé à la Recherche Scientifique, il accède à la chaire de Calcul intégral et différentiel de la Faculté de Besançon. Sa collaboration aux plus éminentes revues spécialisées (166 publications dans toutes les langues) et ses nombreuses conférences à travers le monde lui valent le Prix Charles Dupin en 1949 et le Prix de la Pensée Française en 1950.
Depuis 1949, il est titulaire de la chaire de Mécanique Rationnelle de la faculté de Marseille, puis en 1952 de celle de Calcul Différentiel et Intégral. Il cumule ces fonctions avec celle de directeur de l'Institut Scientifique de Nice.
En 1978, à la retraite depuis 1967, il accepte de présider un symposium à Florence à l'institut des Sciences Mathématiques Pures et Appliquées. Le 9 août de la même année, il s'éteint à La Ciotat et est inhumé le 12 au cimetière de Bastia.
Sur demande du conseil d'administration présidé par Madame Donsimoni, Proviseur, le lycée technique et scientifique de Bastia porte le nom de Paul VINCENSINI depuis le 3 mars 1980.